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2019-01-04 09:12
CR

Revolut a, enfin, obtenu une licence bancaire. Oui, mais…


Article paru dans Le Virus Informatique 39

À tort présentée comme une banque en ligne dans de nombreux autres médias, nous avions pointé du doigt, dans notre présentation de Revolut, le fait que la société anglaise ne possédait pas encore de licence bancaire, privant ses clients d’une garantie allant jusqu’à 100 000 € par déposant sur les comptes, en cas de faillite de la banque qui conserve les fonds au final (Revolut ne pouvant le faire). La société et de nombreux médias ont annoncé depuis que cette licence a, enfin, été obtenue en Lituanie et peut être utilisée partout dans l’Union européenne. Si la société n’est pas en mauvaise posture financière à notre connaissance, il faut toutefois prendre la nouvelle avec des pincettes.

Si Revolut a effectué sa demande de licence bancaire en Lituanie, c’est en raison de la possibilité d’un « Brexit » dur, qui pourrait la priver du marché continental. Mais pas seulement. La simplicité a pesé aussi dans la balance, nous ont déclaré les responsables de son bureau balte. En effet, le pays déroule le tapis rouge aux fintechs, ces sociétés mêlant finances et nouvelles technologies. Plus de 150 y ont enregistré leurs activités, comme Google qui vient d’obtenir une licence d'institution de monnaie électronique, après une autorisation qui peut s’obtenir localement en trois mois seulement. Le régulateur national promet officiellement « une autorisation douce à obtenir » grâce à son « attitude coopérative ». Il promet aussi « l’absence de sanctions réglementaires la première année d’opérations » (ce qui nous fait froid dans le dos, sachant que des entrepreneurs sont spécialisés dans les fermetures d’entreprises avant leur premier anniversaire). C’est aussi une licence d’institution de monnaie électronique que Revolut utilisait, et utilise encore, l’étape suivante étant la fameuse licence bancaire. À ce niveau déjà, relativisons : Revolut n’a obtenu qu’une licence bancaire spécialisée. Pour obtenir ce type de licence, il faut un capital de 1 million d’euros, contre 5 millions d’euros pour une licence « classique ». En contrepartie, les services que Revolut offrira à ses clients seront plus limités.

Autre point : la garantie offerte sur les dépôts répond, nous dit-on au système européen de garantie des dépôts… Or ce système n’a toujours pas été concrétisé depuis sa proposition en 2015, certains pays comme l’Allemagne traînant des pieds pour ne pas endosser les défaillances et erreurs commises dans d’autres pays. En attendant un accord qui tarde à venir, la garantie est donc assurée par la Lituanie. Certes, tous les clients de Revolut n’auront peut-être pas un vrai compte bancaire, car cela nécessite de nouvelles vérifications, et une partie conservera un compte sans garantie. Mais la société a déjà 3 millions de clients et continue de grossir rapidement. Alors que la Lituanie est habitée par 2,8 millions de personnes. Plus d’argent circule déjà par Revolut que le produit national brut de la Lituanie.

La garantie d’un petit pays est-elle suffisante en cas de conditions extrêmes ? On peut se poser la question légitimement : dix ans plus tôt, de nombreux épargnants du Benelux et du Royaume-Uni attirés par de hauts taux d’intérêt sur les dépôts Icesave avaient perdu des plumes lorsque la Landsbanki et toute l’Islande avaient été emportées par la crise financière, la garantie promise sur les dépôts n’étant plus alors qu’une vaine promesse.



Ajout 01/03 :
En Lituanie, un débat s’est instauré au niveau national. Certains députés demandent à ce qu’une nouvelle enquête soit lancée sur Revolut (une deuxième enquête avait été ouverte en raison de doutes sur l’actionnariat russe de la société, qui a d’ailleurs des équipes de développement en Russie). L’inquiétude est aussi causée par la croissance rapide de la fintech et de son implication dans les cryptomonnaies (un secteur qui connaît beaucoup trop de volatilité et de piratages), alors que des cas de blanchiment suspectés ont été remontés (par elle) aux autorités britanniques l’année dernière et que deux responsables de la conformité ont quitté les rangs en moins de 12 mois. Après des scandales dans les pays baltes voisins, Lettonie et Estonie, des élus se demandent si l’autorité de régulation peut faire face à l’arrivée massive de fintechs (le petit pays est déjà n°2 du secteur en



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